Hello à toi qui préfères me suivre ici que sur Instagram. Alors que pourtant, j’y fais des trucs chouettes sur Insta, comme ce live “Papiers, mariage et écologie” avec Madame Babioles et Mlle Cereza. Comme je suis gentille, je te remets ici la retranscription du live !
Je vous laisse vous présenter !
Madame Babioles : Je suis Elodie, je suis la créatrice de Madame Babioles. C’est un atelier de papeterie, au plus possible écoresponsable, tout n’est pas parfait, mais je fais au mieux. Ça va de la papeterie de mariage et autres jolis moments, aux cadeaux invités également. En parallèle, j’ai une certification de décoratrice évènementielle, donc je propose des accompagnements à des moments ponctuels aux futur.es marié.es qui auraient besoin d’un petit conseil, de petit tips.
Mlle Cereza : Je suis Christelle, la créatrice de Mlle Cereza. Je suis spécialisée dans les bijoux et accessoires de marié.e, et notamment, en tant qu’accessoires, les bouquets en fleurs de papier.
Comment vous est venue l’idée de travailler dans le mariage ?
Madame Babioles : Pour ma part, on va dire que cela résulte de ma propre expérience, à la suite de la préparation de mon mariage, j’ai découvert un petit peu la papeterie. C’est quelque chose, je connaissais comme ça, mais pas en profondeur, et d’avoir cherché, d’avoir regardé un petit tout, les différentes calligraphies, y a des choses de dingues qu’on peut mettre, les couleurs, les formats, ça m’a énormément intéressée. Quand j’ai décidé de me reconvertir de mon ancienne voie professionnelle, je me suis rappelée que j’avais vraiment kiffé faire ça. Au moment où je cherchais, il n’y avait pas vraiment de papeterie à mon goût, originales et qu’on pouvait personnaliser assez simplement, à des prix relativement corrects. Donc je me suis dit : “Ce que j’ai réussir à faire, pourquoi ne pas le proposer à d’autres futur.es marié.es qui sont sûrement dans le même cas que moi ?” Et de fil en aiguille, on en est arrivé là, et c’est chouette. C’est venu naturellement.
Mlle Cereza : Contrairement à Elodie, c’est venu bien avant mon mariage. Je pense que c’est un rêve de petite fille, le mariage de princesse, le plus beau jour de la vie, c’est un secteur qui envoie du rêve. Comme Elodie, je me suis reconvertie de mon ancienne profession salariée et le mariage est devenu une évidence. C’est tellement chouette, y a tellement de jolies choses… On travaille pour le plus beau jour de la vie de nos client.es, donc voilà. Pas mieux !
Madame Babioles : Le choix est facile avec un boulot en dehors ! On partage des moments chouettes et même intimes avec les marié.es. Et tous les jours, partager les petits bonheurs avec nos futur.es marié.es, ça n’a pas de prix.
Pourquoi avoir choisi le papier ? Qu’a de particulier cette matière pour vous ?
Mlle Cereza : Je ne fais pas que ça, et en plus, je n’ai pas démarré avec ça. C’est ce qui est magique à la fois dans le monde du mariage et le fait de travailler à notre compte, c’est qu’on peut faire évoluer nos métiers en fonction de nos sensibilités ou de ce qui va plus nous toucher à un moment donné. Moi, c’était vraiment l’idée d’upcycler une matière et comme je suis une grande grande lectrice, la matière première que j’avais sous la main directement, c’étaient des livres. J’ai commencé avec ça : des fleurs de papier issues de livres. Je trouve que c’est tellement réjouissant de donner une deuxième vie à un objet, et en plus, dans le cadre du plus beau jour de la vie de nos client.es. Tout s’aligne, toutes les étoiles s’alignent pour donner quelque chose de merveilleux. C’est génial !
Madame Babioles : Pour ma part, je n’ai pas de vraiment raison particulière, mais d’aussi longtemps que je m’en souvienne, je crois que j’ai toujours aimé le papier. J’ai toujours aimé les différentes textures, les différents motifs. Depuis toute petite, j’ai toujours collectionné les papiers, découpé les papiers, j’ai toujours collectionné, sans trop savoir quoi en faire. Au final, c’est après mon mariage, où j’ai réussi à lier cette collection de papiers que je faisais et le fait de les transformer. On peut faire tellement de choses magnifiques avec le papier que pourquoi pas le papier ? Comme Christelle, quand je me suis dit que j’allais faire quelque chose de créatif, quelque chose de mes mains, j’ai essayé de faire des bijoux. Il me manquait ce côté un peu naturel, texturé du papier et donc, de fil en aiguille. maintenant je n’ai plus envie d’arrêter.
Pauline : Cela s’agite dans le chat : toucher à un livre ! En même temps, je ne l’aurais pas fait moi-même. Pour tout vous dire, j’ai abusé de la gentillesse de Christelle pour qu’elle me fasse des bouquets en papier pour mon propre mariage parce que j’étais incapable de toucher à un livre et de le découper. Le plaisir aussi de faire bosser une copine, mais surtout, je n’aurais pas pu le faire moi-même.
Mlle Cereza : C’est vraiment leur donner une deuxième vie, qui sera encore plus belle que la première. Les livres ont une première vie à donner du plaisir à une ou plusieurs personnes, on le prête, ça va, ça vient, mais c’est parti pour une deuxième vie ! Il faut oublier l’aspect, le livre n’existe plus, le livre s’est transformé ! Il prend une signification supplémentaire. Toi, Pauline, tu m’as demandé pour ton mariage, un titre bien spécifique, ça avait une belle signification d’union. La lecture est un plaisir solitaire, même si on se prête les livres avant ou après et là, ça devient un trait d’union entre deux personnes, ça donne un petit truc magique en plus.
Madame Babioles : Ce qu’on a tendance à faire, c’est que le papier, on a envie de le garder, on a envie de le conserver, d’avoir des souvenirs liés à ça. Même si ça a un côté pas très écolo pour certain.es, mais selon l’utilisation qu’on en a et la conservation qu’on en va en faire, on aura plaisir, dans 10, 20, 30 ans, à ressortir le joli bouquet qui va se conserver, un joli faire-part qui nous va nous rappeler de chouettes moments, … C’est cet aspect-là aussi qui me plaisait, ce côté souvenirs précieux.
Mlle Cereza : Souvenir qu’on ne va pas jeter à la fin de la journée ou dans bout d’un mois parce que ça aura fané. Ça se garde dans le temps. Encore plus avec Elodie et ses cadeaux invités, les graines à semer, ça apporte une continuité merveilleuse.
Vous pensez que l’on va davantage garder un faire-part en papier plutôt que celui en plexiglas ?
Madame Babioles : Pas forcément. Le faire-part reste quand même le souvenir principal du mariage. Mais le papier, lui, continue à vivre : il va jaunir, il va se corner un petit peu sur le côté. Cela montre le temps qui passe, où on l’a conservé, ce qu’on va en faire. Le faire-part en plexiglas, en bois, je pense que cela va moins bouger. Il n’y a pas ce côté un peu régressif du papier.
Mlle Cereza : Je suis entièrement d’accord avec Elodie, d’autant plus que je viens de tomber dans de vieux papiers, chez mon papa, un carton de vieux faire-parts, menus de mariage d’il y a 50 ans. On peut s’en servir comme marque-pages dans un livre, les utiliser autrement, les afficher sur un mur, sur un porte-photos. Ce n’est pas quelque chose que tu ne peux pas faire avec l’exemple que tu citais, le plexiglas. Je trouve ça mignon sur l’instant, mais est-ce que ça vit dans le temps ? Je n’en suis pas certaine …
Madame Babioles : Y a peut-être pas le côté émotionnel qu’on peut avoir avec le papier. J’ai eu la chance qu’on me donne tout un tas de faire-parts, de menus, qui ont une centaine d’années. Quand on l’ouvre, on ne connait pas les personnes, on ne connait pas l’histoire, mais il y a ce petit côté émotionnel. On se dit ces personnes ont pris du temps pour faire ça, elles ont vécu de chouettes moments. Y a ce côté émotion.
Mlle Cereza : C’est plus chaleureux, je trouve.
Le papier peut être controversé, il faut détruire des arbres pour le faire : comment vous vous positionnez par rapport à ça ?
Madame Babioles : C’est comme tout, cela dépend de l’utilisation qu’on en fait. Quand on crée son faire-part, il faut réfléchir à la manière dont les invité.es vont le garder : est-ce que c’est quelque chose de ponctuel ? Est-ce que pour un certain type de parenté, on veut quelque chose de plus durable ? Donc quelle utilisation vont en avoir les invité.es ? Mais c’est aussi notre rôle dans la création d’e faire attention d’être vigilent.e au quotidien : faire attention aux impressions, limiter les découpes et les pertes de papiers qu’on peut avoir, choisir les bons papiers … Ce sont des gestes au quotidien. C’est polluant, oui, on le sait. Tout dépend comment on l’utilise et ce qu’on utilise. Et puis l’alternative la plus courante, c’est le numérique, et ce n’est pas hyper clean non plus. Ça se réfléchit et ça se compare.
Mlle Cereza : Le numérique, ce n’est pas du tout écologique. C’est un impact moins visible, mais hyper polluant. On pourrait me lancer des heures dessus !
Madame Babioles : Le papier, on le voit, on peut le quantifier, ce n’est pas le cas pour le numérique.
Mlle Cereza : Pour revenir à ta question, fabriquer du papier est polluant, comme toute action humaine. À moins de vivre dans la forêt et d’être sa propre source d’énergie, il n’y a aucune action humaine qui ne soit pas polluante. Mais pour comparer un bouquet de fleurs en papier à un bouquet de fleurs fraîches ou de fleurs séchées, les fleurs fraîches, actuellement en France, elles sont importées d’Afrique et d’Amérique du Sud. La fleur française ne représente que 15% du marché. Donc quand on commande un bouquet de fleurs fraîches, pour son mariage ou pour faire plaisir, il y aura un impact écologique qui est immense, parce qu’elles auront poussé, elles auront été cultivées en Afrique la plupart du temps, dans des conditions de travail… voilà … pas forcément top, elles auront été transportées en avion et tout au long du processus, elles doivent être maintenues dans une atmosphère fraîche, donc encore des dépenses énergétiques. Et je ne parle pas des pesticides qu’on a employé pour les faire pousser… C’est très joli, c’est très nature, une fleur fraîche, mais ça a aussi un coût environnemental qui est caché. Un pesticide, c’est invisible, que ce soit sur la fleur ou sur un fruit. Et les fleurs séchées, c’est à peu près le même processus, avec un peu moins de conditionnement au frais, mais il y a des pigments pas forcément naturels pour les colorer. Ça fait nature, mais ça ne l’est pas forcément tant que ça.
Pauline : Je veux rassurer les gens qui nous suivent, ça existe d’avoir des fleuristes qui font attention à ça, où iels se fournissent. En revanche, cela fait partie des questions que vous pouvez poser à votre fleuriste si cela vous importe.
Mlle Cereza : Il existe des labels qui existent. Pour les fleurs françaises, c’est le label “Fleurs de France” et il y a des labels qui se mettent en place pour des fleurs cultivées avec aucun ou peu de pesticides, mais c’est encore assez confidentiel. Donc plus il y aura de futur.es marié.es ou futur.es client.es qui poseront la question, et plus ça prendra le pas.
Pauline : Cela fait partie des questions que je pose à mes fleuristes.
Madame Babioles : C’est comme tout, tout dépend de ce qu’on choisit. C’est comme le papier. Si on choisit un papier glacé, hyper chimique, ce sera beaucoup plus polluant qu’un papier recyclé, avec des labels. C’est toutes les petites choses qu’on va rajouter, les petites fleurs, les petites dorures, qui engendrent de la pollution. Si on est sensible à ça, on peut rester très simple, avec un papier très simple et limiter notre impact. C’est des choix qui est important.
Vous avez noté une évolution, ces dernières années, une volonté de la part des marié.es d’avoir un mariage plus green, de plus écolo ?
Madame Babioles : C’est vrai qu’on en parle beaucoup. Jusque là, c’était plutôt une tendance. J’ai l’impression que petit à petit, pas assez vite, mais c’est déjà bien, les marié.es sont de plus en plus sensibles à ça, en posant des questions, en demandant la provenance des papiers ou des encres. Cela reste encore une partie infime, mais ça existe et iels ont tendance à demander s’il existe des alternatives possibles. C’est déjà un grand pas. Dans leurs choix aussi, ils essayent de choisir des choses plus durables, que ce soit pour les bouquets de Christelle, ou pour moi, pour les cadeaux invité.es. Que ce ne soient pas seulement des cadeaux qui restent sur la table, mais qui peuvent perdurer dans le temps. La manière de penser change, doucement, mais sûrement. On y croit !
Mlle Cereza : Je rejoins totalement Elodie sur tout. C’est très doucement ! Ce qui me réjouit un petit peu, je ne sais pas pour toi, Elodie, je n’ai pas forcément le retour de cette démarche écologique au moment où les futur.es marié.es me contactent. Ce n’est pas “Bonjour ! Je voudrais un bouquet écologique.”. Peut-être que la démarche est plutôt inconsciente, mais ce qui revient tout le temps, c’est “un bouquet que je vais pouvoir garder”, que je vais pouvoir mettre en déco chez moi après ou que je vais pouvoir offrir à ma maman”. C’est vraiment cette démarche de ne pas jeter à la fin.
Elodie, est-ce que tu pourrais donner des exemples de cadeaux invité.es qui durent dans le temps ?
Madame Babioles : Je vais parler de ce que je connais. Les graines de fleurs à semer, c’est un petit peu le produit tendance, qui permet de faire perdurer le mariage jusqu’à l’an prochain. Y a les sachets de thé, de tisane, qui sont moins durables, mais qui seront consommés dans l’hiver qui suit. Les sachets de graines pour oiseaux pour protéger la nature. Et d’autres idées comme les petits pots de confiture, des préparations pour cookies, des choses comme ça, qui sont un peu moins durables, mais qui ne seront pas jetés à la fin, qui seront consommés. C’est ça aussi l’idée : de ne pas avoir un truc pour l’instant T, mais quelque chose dont on peut profiter un peu plus tard, qu’on ne va pas mettre dans une boîte pour l’oublier après.
Vous faites vraiment attention, mais comment l’écologie est devenue importante dans votre travail ?
Mlle Cereza : C’est une démarche personnelle au départ. Plusieurs documentaires sur l’écologie, mais pas l’écologie, ce que j’appellerai “intellectuelle”, l’écologie “mise en pratique”, comment consommer au quotidien, l’impact qu’on peut avoir sur notre environnement, l’impact que peuvent avoir tout un tas de matières sur notre santé. Quand on commence à s’intéresser à l’écologie, on a toujours envie d’en apprendre plus, ce qui fonctionne, ne fonctionne pas, ce qui est du domaine de l’utopie aussi comme toute grande idée, et donc ça se met naturellement en place dans nos gestes du quotidien et, comme on est à notre compte, on peut le mettre en place dans la foulée, dans notre travail. Par exemple, on recycle nos emballages d’expédition, faire attention à la provenance de nos fournitures, aux labels de nos fournitures. Pour le papier, il y a aussi pas mal de labels qui se créent au fur et à mesure, dont le FSC ou le PEFC, qui utilisent de la pâte à papier en provenance uniquement de forêts durablement gérées, et qui englobe aussi la gestion de l’humain. Ce dont on parlait tout à l’heure pour les fleurs, on ne fait pas vraiment attention à la gestion de l’humain, à la bienveillance envers les personnes qui les cultivent. La démarche de l’industrie du papier évolue dans le bon sens.
Madame Babioles : Pour ma part, c’est venu aussi naturellement. C’est pas si vieux que ça, ça doit faire 6-7 ans où vraiment je me sensibilise à ça. Avant, je savais qu’il y avait des choses à faire, mais je n’ai pas forcément été élevée dans cet esprit-là, de faire attention, tout ça. Je ne savais pas comment faire. Aujourd’hui, c’est vrai qu’on en parle de plus en plus et petit à petit, cela m’a éveillée là-dessus. Je travaillais avant dans une boîte d’agro-alimentaire, et c’est un petit peu ça qui m’a fait et changer de voie et prendre conscience. Dans l’agro-alimentaire, on le sait, tout le gâchis, toute la condition humaine, je me suis dit “il y a quelque chose qui ne va pas, je ne suis plus alignée là-dessus”. Petit à petit, j’ai changé personnellement et dans mon entreprise, je ne me voyais pas faire différemment parce que c’est mon quotidien. Je ne me voyais pas faire attention dans ma vie perso, et au niveau pro, faire n’importe quoi. Ça a coulé de source. C’est une vigilance quotidienne, parce que ce n’est pas forcément facile d’être écoresponsable : la recherche de matériaux est plus compliquée, plus longue, il faut repenser systématiquement sa manière de produire, de créer, … C’est un travail de longue haleine, mais c’est vrai que si on se donne les moyens même à notre toute petite échelle, on arrive à faire des choses plutôt pas mal.
Mlle Cereza : On a le sentiment aussi, en communiquant avec nos client.es sur cette démarche qu’on a là, qui va plus loin que juste nos créations, qu’on participe à notre toute petite échelle à parler d’une démarche positive qui peut amener à la réflexion, à l’ouverture, aux questions. C’est notre petite part de colibri.
Madame Babioles : C’est tout bête. Comme tu disais, on réutilise des cartons d’expédition qu’on a reçu ou qu’on récupère et on les utilise pour envoyer les créations. Quand on reçoit, nous, les commandes, c’est toujours dans des cartons bien emballés, tout propres, tout nets. Je me suis dit, moi je vais envoyer mes commandes dans des cartons un peu “défraques”, avec des vieux scotchs, des trucs comme ça, comment ça va être perçu ? Avec à l’intérieur des copeaux de papier, des choses comme ça. Et finalement, j’ai eu la bonne surprise de n’avoir que de bons retours. Cela a même donné des idées à certain.es de mes client.es de garder les colis pour envoyer des livres, peu importe. On se dit qu’on a participé à un petit quelque chose et les gens sont, je pense, prêts à faire des efforts et à recevoir des idées comme ça. C’est ça qui est bien, on a l’impression de faire quelque chose de bénéfique à notre petite échelle.
Quelles sont les créations que vous préférez faire, ce qui vous met le plus en joie ?
Mlle Cereza : Le bouquet, forcément ! Et surtout les bouquets dans lesquels il y a des fleurs en papier livre, parce que j’ai plusieurs gammes, parce que j’ai souvent dans ce cas-là, la demande de futur.es marié.es, n’est-ce pas Pauline, sur un titre de livre bien précis. Je reçois toujours une émotion, je ne sais pas, j’en ai des frissons rien que d’en parler. Le titre d’un livre ou d’un poème, cela dévoile beaucoup de l’intimité de la personne, on se rapproche de nos client.es, c’est un moment privilégié.
Madame Babioles : C’est difficile d’en choisir une en particulier, je dirai plutôt d’avoir la chance de faire la papeterie de A à Z. Souvent, on va me demander juste un cadeau invité.es ou juste un menu. Mais participer de A à Z, du faire-part, à la déco de table, à la carte de remerciement, je dirai que c’est vraiment un privilège, parce qu’on acquiert cette confiance des marié.es. On rentre parfois dans la confidence, on a le privilège de savoir un peut tout ce qu’il va se passer avant les invité.es. De A à Z, cela dure souvent sur une période d’un an, pendant lequel on communique avec les marié.es. On se sent privilégié. C’est ce que je préfère faire, parce qu’on a le fil conducteur du début à la fin, on voit le déroulé passer et quand on voit la date du mariage, on a toujours une pensée “ah, ça y est, iels se sont marié.es”.
Est-ce qu’il y a une création vous a donné du fil à retordre ?
Madame Babioles : Comme j’ai la chance de ne faire que du sur-mesure, du 100% personnalisé, à chaque fois, j’ai toujours ce petit challenge de dire “comment je vais coller à leur thème ?”. Parce que parfois ça peut n’être juste qu’une couleur. Quand c’est un thème, ça va, c’est un peu plus précis, mais quand c’est une couleur, c’est difficile de partir d’une couleur, d’en tirer tout un univers autour. Mais c’est ça, c’est quand j’ai une création avec très peu d’éléments pour créer et au final, quand on reçoit, on me dit “C’est pile ce que je voulais”, alors qu’au départ, on avait pas grand-chose. Ou alors quand on a des créations qui nous sortent de notre zone de confort, qu’on se dit “c’est pas moi, je ne vais pas y arriver” et en se plongeant dedans, finalement, on se dit “bah voilà”. Quand on regarde mon univers, ça reste des couleurs assez sobres, du kraft, du blanc, des choses comme ça, et des fois, on me demande plein de couleurs. C’est compliqué parce que je n’ai pas l’habitude de travailler avec ces papiers. Ou alors quand on me demande des collages, de petites choses comme ça, qui demandent plus de recherches, plus de temps. Sinon, après souvent, les créations les plus compliquées, ce sont celles avec un petit budget limité : il faut prendre une création de base et la réduire au maximum pour que ça rentre dans le budget. Essayer de faire coïncider ce qu’on a envie de faire, ce qu’on peut faire et ce que le client peut payer.
Mlle Cereza : J’ai un catalogue de bouquets que je propose régulièrement et puis, je fais beaucoup du sur-mesure. C’est vrai que les futur.es marié.es aiment bien ce côté de pouvoir faire personnaliser un objet, ou un accessoire ou un bijou ou leur papeterie. Le challenge, comme le dit Elodie, c’est à partir d’informations plus ou moins précises qu’on reçoit au départ, arriver à faire quelque chose qui va plaire aux futur.es marié.es. C’est toujours l’énorme doute au moment d’envoyer les photos ou, pour Elodie, la maquette ! On croise les doigts en se disant “j’espère que j’ai bien compris les attentes de la mariée, est-ce qu’on a bien réussi à communiquer, à se comprendre ?”. Après, ce sont les challenges plus techniques. Je repense aux enfants d’une future mariée qui m’avaient contactée. C’étaient des grands enfants, c’était un remariage après une période assez difficile pour leur maman. Pour la célébrer, ils m’ont contactée pour créer un bouquet fait de fleurs avec une lettre d’amour qu’ils avaient écrit à leur maman et leur futur beau-père, et ils souhaitaient un bouquet qui soit à plat pour le poser sur le lit de leur chambre d’hôtel.
Est-ce qu’il y a quelque chose que vous avez envie de créer, ou qui vous fait rêver ?
Madame Babioles : Chaque commande est un challenge, on se renouvelle, on recommence une histoire, on recommence quelque chose. Ça ne me vient pas, peut-être le faire-part de la famille royale, pour le prochain mariage ? (rires) Non, vraiment, ça ne me vient pas.
Mlle Cereza : Les futur.es marié.es, ils sont encore un peu petits là ! Il va falloir attendre un petit moment (rires).
Pauline : Ou alors il ne faut pas viser l’Angleterre ! Il y a des familles royales ailleurs …
Mlle Cereza : Oui, c’est vrai qu’on est très branché Angleterre … (rires). Moi, y a quelque chose qui me plairait infiniment, ce n’est plus dans le monde du mariage, ce serait de créer des accessoires pour un spectacle, une pièce de théâtre ou un film … Ce serait un autre challenge !
Madame Babioles : Le message est passé ! (rires)
Pauline : En papier ? En métal puisque tu le travailles aussi ?
Mlle Cereza : L’avantage de travailler pas uniquement le papier, c’est que je peux mélanger les matières ! Ça aussi, c’est encore plus challengeant, parce que chaque matière se comporte différemment, n’a pas les mêmes contraintes, de formes, d’esthétique … Elles ne se plient pas toutes à mes désirs dans l’instant, mais c’est encore plus génial. Faire rentrer nos univers créatifs au-delà des mariages, j’aimerais beaucoup en tout cas.
Quelle est la grande différence entre vous et les impressions internet ?
Madame Babioles : Dans mon secteur de la papeterie, on a tendance à comparer avec toutes les offres qu’on voit sur Internet. Je dis souvent qu’il faut comparer ce qui est comparable. Ce sont deux métiers totalement différents. Le rendement n’est pas le même : eux, ils vont produire en grande quantité, moi, ça va prendre forcément plus de temps. Est-ce que c’est plus cher ? Oui et non. Oui, dans le sens, où il y a forcément un travail, une main d’œuvre qui demande plus de temps. Non, parce que de mon expérience, je sais qu’il y a plein de petits frais cachés. Moi, quand on va prendre le prix du faire-part, il y a tout inclus dedans : il va y avoir la maquette, la prestation, le temps d’échange, les allers-retours, l’impression. Il n’y a que la livraison qui n’est pas comprise. Dans les sites, on va avoir un prix d’appel très compétitif, mais il y aura des frais de maquette, plus la livraison, plus X euros la repro, plus X euros les enveloppes,… Donc l’un dans l’autre, si on calcule vraiment tout, ça se regarde. On paye aussi l’humain qu’on n’aura pas forcément sur ce genre de sites, le service, la personnalisation… C’est vrai que, c’est souvent l’avantage qu’on a, peut-être ça peut être plus cher, et encore à vérifier sur certaines créations, mais on va avoir un service derrière de personnalisation, de sur-mesure, d’échange, d’écoute. Souvent, je fais une création, cela va bien au-delà : on va parler des petits conseils pour le mariage, des petits tips pour la déco de table. Ce sont des petits services en plus qu’on ne va pas avoir quand on va commander directement sur le site où on crée son faire-part, valider et on le reçoit, et voilà. On n’a pas le retour de l’œil un peu plus expert, et des fois, on peut faire des erreurs. Il y a des règles aussi de typologies, d’agencement, de coloris, ce sont toutes les petites choses comme ça qu’on peut avoir avec un artisan et qu’on n’a pas forcément sur le site. Après cela se comprend très bien qu’on veuille le faire nous-même et qu’on aille sur ce genre de prestations. Mais il ne faut pas comparer, ce n’est pas la même chose.
Mlle Cereza : Les futur.es marié.es ne vont pas chercher les mêmes choses. Bon, moi, je n’ai pas de concurrence sur l’impression numérique. La concurrence qui me fait bondir, c’est la concurrence chinoise, où acheter sur Am… Mais Elodie l’a bien résumé, ce ne sera pas la même clientèle. Un.e client.e qui va, et ce n’est pas mal, donner une grosse grosse priorité à son budget et qui préfère aller acheter chez de grands fabricants ou à l’autre bout du monde, c’est son choix. Je ne pense pas que ça nous prenne réellement de la clientèle, on ne peut pas parler de concurrence. Ce ne sont pas du tout les mêmes produits qu’iels peuvent chercher.
Madame Babioles : Ce ne sont pas les mêmes attentes, les mêmes produits. Je demande souvent des inspirations pour avoir des idées, sur quoi partir. Ça arrive souvent qu’on me dise : “j’ai vu ça sur X site, est-ce que vous pouvez faire la même chose?”. Je réponds que je peux m’inspirer, avoir quelque chose dans le même esprit, mais il n’y aura pas la même qualité, le même rendu, il y aura des petits défauts parce que c’est fait à la main, pas sur le grand site. Mais jamais on ne reproduira la même chose. Ne serait-ce que pour une question d’éthique, je ne voudrais pas qu’on me copie.
Quelle est la création en papier la plus incroyable que vous ayez vue ou faite ?
Mlle Cereza : Ce ne sera pas dans le mariage non plus, mais des décors de fleurs en papier en version XXL pour les grands hôtels. Coucou aux grands hôtels aussi ! Ça, c’est aussi un challenge ! (rires)
Mme Babioles : C’est ce que j’allais dire aussi. Tout un ciel, un plafond en petites fleurs blanches, c’est un travail de dingue, c’est magnifique. (rires)
Est-ce que la crise du papier et l’inflation ont un impact sur vos tarifs, vos métiers ?
Madame Babioles : Jusqu’à présent, ça n’a pas d’impact parce que je n’ai pas augmenté mes prix. Mais je ne dis pas pour l’année prochaine, parce que, effectivement, le papier a nettement augmenté. Le papier, la colle, les encres, tout a augmenté. Donc pour l’instant, de mon côté, je maintiens tant que je peux, je baisse un petit peu ma marge à moi, mais au bout d’un moment, comme tout le monde, on a besoin de vivre. Il y aura forcément, je ne le souhaite pas, des petites augmentations dans les mois qui vont arriver.
Mlle Cereza : Comme Elodie, pour l’instant, je maintiens. C’est le fait d’avoir du stock de matières premières qui me permet de pouvoir faire ça. Parce que toutes les tarifs des matières premières ont augmenté, et il y a des coûts autres qui ne sont pas encore tous arrivés, par exemple, de nos prestataires. Moi, pour mon hébergement de site internet, j’ai reçu un mail hier soir, mais tous les secteurs sont impactés. On a assez peu de vue sur comment vont se comporter les prix dans les mois à venir, donc c’est assez difficile de donner une projection de ce que pourra donner l’augmentation.
Mme Babioles : C’est vrai qu’on reçoit des augmentations d’un peu partout, il n’y a pas que le matériel. Là, j’ai été contactée pour un mariage en 2025. C’est compliqué de se dire “en 2025, je vais faire ces prix-là”.
Mlle Cereza : Je pense que tu procèdes de la même façon, Elodie, lorsqu’on remet un devis, quelque soit le secteur, il a une durée de validité au-delà de laquelle, que ce soit nous ou un.e autre artisan.e, on ne peut pas assurer le tarif, et encore plus en ce moment. Dépêchez-vous de faire vos commandes avant la fin de l’année ! Profitez de ce temps où la saison des mariages est un peu derrière, où on est un peu moins dans le rush pour discuter des projets des futur.es marié.es
Madame Babioles : Tout à fait. Pour le moment, on joue sur les stocks qu’on a. Une fois qu’il n’y aura plus de stock, on verra ce que ça va donner. Moi aussi, je rentre dans ma période un peu plus calme, la saison se termine, donc là, on peut commencer à parler pour l’an prochain, qu’est-ce qu’on peut faire, qu’on a en stock qui pourrait ne pas connaître d’évolution de prix. Tout se discute. Après, comme que je dis, éventuellement les prix peuvent augmenter, mais pour limiter un peu le budget, on peut toujours trouver des solutions, des alternatives : diminuer la taille, ou choisir un autre papier,… On peut toujours trouver des petites solutions pour rentrer dans le budget de chacun.e.
Mlle Cereza : C’est aussi l’avantage de passer par un.e artisan.e, quand tu comparais tout à l’heure, Pauline, à quelque chose en ligne. On peut discuter avec des marié.es qui nous disent “voilà, moi, j’ai tel budget, est-ce que vous pouvez me proposer quelque chose qui peut rentrer dans ce budget ?”. Ce n’est pas parce qu’on est artisan.es qu’on fait forcément des choses qui ne sont qu’à la portée des porte-monnaies bien remplis. Alors que pas du tout !
Mme Babioles : Y a de tout ! On peut faire des choses très élaborées si on veut, ou des choses très simples aussi. La fausse croyance aussi qu’il y a, c’est qu’on se dit :”les prix augmentent, ça va être compliqué donc je vais le faire moi-même. Moi, je dis attention ! Le faire soi-même, c’est très bien. Bravo si vous avez les compétences, mais attention, ça peut vite devenir très cher ! J’ai fait tout mon mariage moi-même, je sais de quoi je parle. On oublie de compter plein de petits éléments. On va peut-être gagner le prix sur la main d’œuvre, mais les prix des papiers, on va les acheter au compte-goutte, on n’aura peut-être pas le prix que j’aurai chez un grossiste. Il faut penser à s’acheter tout le petit matériel, pour pouvoir créer la créa dont on a envie. Ce sont tout des petits coûts ramenés l’un à l’autre, où finalement le faire-part qu’on a fait nous-même n’est pas beaucoup moins cher que si on l’avait fait faire. Il faut faire attention aussi à ça quand on veut faire sa déco.
Question du live : où êtes-vous situées ?
Madame Babioles : Je suis dans le Sud-Ouest, un petit village entre Bordeaux et Toulouse, à côté de Mont de Marsan. Je suis située à Nogaro.
Mlle Cereza : Je suis en région Rhône-Alpes, tout au nord, coincée juste à l’entrée de la Bourgogne, à 1h de Lyon. Je ne suis pas coincée (rires), je suis aux portes de la Bourgogne.
Pauline : Moi, je suis à Orléans. Je crois que je l’avais dit en début de live.